Anca Eugenia Tulpan

Anca Eugenia Tulpan est diplômée de l’Université de Médecine « Carol Davila » de Bucarest.  Elle a rejoint SERA ROMANIA en 2001 en tant que kinésithérapeute. Elle travaillait alors dans deux centres de placement de Galati. Aujourd’hui, elle coordonne les activités de rééducation pour les enfants en situation de handicap.

En quoi l’action de SERA est essentielle selon vous ?

Il faut absolument offrir des conditions de vie normale pour les enfants abandonnés. Pour cela, il faut des lieux adaptés et du personnel formé. Mon expérience à l’orphelinat de Galati m’a vraiment marquée. C’est là-bas que j’ai surpris une infirmière en train de frapper à plusieurs reprises une petite fille de quatre ans, souffrant d’autisme, parce qu’elle lui avait pris son stylo. J’ai en aussitôt informé les autorités en charge de cette institution qui a diminué de 10% le salaire de cette infirmière pour une durée de trois mois. Cela a été mal accepté par le personnel local qui a organisé une réunion au cours de laquelle j’ai été blâmée et même menacée. Quand ils ont essayé de me frapper, j’ai réalisé la gravité de la situation et le danger qui menaçait les enfants. Avec l’appui de mes collègues de SERA, nous avons réussi à transférer les enfants dans un lieu plus sûr, avec une prise en charge adaptée à leurs besoins. Ce travail est très éprouvant mais ce souvenir me motive à ne pas abandonner.

J’ai vu tellement de choses horribles… Le premier centre que j’ai visité, les enfants étaient installés dans leurs lits complètement nus. C’était l’hiver et les températures étaient tombées en-dessous de zéro.  Et ce centre pour adultes handicapés où le bureau du directeur, luxueux, contrastait avec les chambres où des couvertures remplaçaient les vitres des fenêtres et où ils étaient obligés de faire leurs besoins dans un trou creusé au milieu de la salle.

Quelles sont, selon vous, les priorités pour demain ?

Si le chemin parcouru depuis 1991 est énorme, il reste encore beaucoup de choses à faire. Il faudrait plus de centres thérapeutiques avec du personnel spécialisé, plus de soutien et de relai aux parents d’accueil, et un meilleur accès à la scolarité en adaptant les programmes scolaires dans certaines classes. Il faut aussi penser aux jeunes qui, à leurs 18 ans, doivent quitter les institutions. Le fond du problème est lié à l'indifférence. Il faut que le gouvernement, les autorités locales et les communautés nous aident à améliorer les conditions de vie de ces enfants.

 


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